Castanet – Bordeaux : Série noire

Après quelques jours sur Toulouse, nous avons repris la route avec nos sacoches en direction des Pyrénées. A Toulouse nous avons eu l’occasion de visiter deux ateliers vélos : La maison du vélo avec son atelier et bar associatif ainsi que Vélorution Toulouse, le plus grand atelier vélo de France. C’est dans un immense hangar, un jardin et un tas de vélos, pièces détachées, outils qu’Olivier nous reçoit pour nous faire visiter les lieux et nous parler de l’histoire de cet atelier. Nous sommes loin des 25m² des Bikers mais la même ambiance y règne, des outils, des vélos et des constructions.

Le départ avec les sacoches change des allers-retour à Toulouse en mode léger. On sent tout de suite que la gravité nous retrouve au moment de franchir les collines pour retrouver la Garonne. Quelques kilomètres à peine après le départ : la chaîne des Pyrénées est déjà visible, au loin.

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La route suit ensuite tranquillement la Garonne que l’on quittera après Saint Gaudens pour prendre la direction de Bagnères sur Bigorre. Nous bivouaquons respectivement au bord de la Garonne dans un bois tranquille où la pluie viendra nous réveiller et dans un stade municipal à Capvern. Dormir dans l’enceinte d’un stade permet d’avoir un accès facile aux toilettes et à l’eau potable, on reste cependant plus près de la civilisation et donc moins au calme. Sur la route de Bagnères nous retrouvons les montées et descentes, jugées bien plus raides et directes dans les Pyrénées que dans nos chères alpes. C’est avec un beau crochet-détour que nous retrouvons la route de Lourdes que nous ne visiterons que brièvement. Nous passons la soirée chez Nathalie et Bertin, à Montaut, juste après Lourdes. Une soirée très agréable à discuter voyage, vélo avec ce couple voyageur qui n’a pas peur de la route. Particularité : Bertin roule en trike (que j’ai pu essayer!) tandis que Nathalie roule en vélo droit. La maison est également habitée par deux chiennes dont une belle Border Collie que nous aurions bien mis sur le porte bagage !

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Au départ de Montaut, nous visons Lescun, 80 km que nous savons pluvieux. Si nous quittons la maison sans pluie mais sous un ciel bien nuageux, la pluie et l’orage ne tarde pas à nous retrouver et c’est sous de grosses gouttes que nous nous arrêtons en urgence au bord de la route dans une grange à la porte ouverte. Surprise ! Quelqu’un est également sous le toit déchiqueté pour s’abriter de la pluie. Nous partageons le temps que la pluie se calme (un peu) cet espace boueux à l’abri avec un marcheur sur le chemin de Compostelle.

21485313686_f4588c1343_z Cet homme n’est pas pressé et fait étape dans la ville suivante, soit à 8km, deux heures de marche. Ce n’est pas notre cas puisqu’il nous reste une soixantaine de kilomètres et un bon bout de dénivelé jusqu’à Lescun !! C’est donc sous une pluie faible, modérée, forte, battante, et faible que nous repartons. Quand le ciel se calme nous arrivons à Arudy et la boulangère nous trouve bien mouillés quand j’essore mon jus de chaussette devant la vitrine, sale temps norvégien ! Une part de flan chacun et nous repartons pour tenter de profiter de cette accalmie. Il semble bien faire plus beau dans la vallée suivante. C’est sans compter sur le troupeaux de moutons que nous suivons pendant 15 minutes à 4km/h. La petite route tranquille entre la vallée d’Ossau et la vallée d’Aspe roule bien, nuage, brouillard ou pluie, c’est selon l’instant. Enfin, la vallée d’Aspe nous dévoile un ciel bleu partiel et même quelques rayons de soleils. Cela ne durera pas ! Quand nous arrivons à l’intermarché d’Accous pour un ravitaillement, il pleut des cordes et c’est devant les portes fermées que nous faisons cuire nos nouilles chinoises de secours.

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Au pied de la montée de Lescun la transmission m’interpelle : c’est bien plus difficile qu’avant mais nous roulons aussi vite en descente. Puis, un jeu dans le pédalier arrière se fait sentir à chaque coup de pédale. Vu l’endroit, impossible de régler quoique ce soit et c’est ainsi que nos gravirons les 10 virages de la fameuse montée. C’est avec une pluie fine qui démarre que la journée de route prend fin quand nous allumons la cheminée, puis le poële dans la maison d’en bas. Lescun : Check. Par chance, les nuages jouent avec les montagnes et nous distinguons de temps à autre le cirque de Lescun qui tient toute la famille Landèche en émoi. Une journée de repos nous est utile pour faire sécher les affaires et reposer les jambes et le moral. C’est la première fois que nous gouttons à la pluie sur le voyage de manière un peu plus répétée.

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Les freins resserrés, nous redescendons le lundi sur Oloron Sainte Marie avec plusieurs escales prévues : l’usine Lindt pour notre kilos de chocolat surprise (il en reste au moins 900gr au vu des restrictions imposées par la copilote) et la femme de Thomas qui nous met à disposition quelques outils pour resserrer notre pédalier. Sur le coup, cela ne bouge plus et cela semble reparti mais quelques coups de pédales suffisent à se rendre compte qu’il faut pousser l’investigation plus loin. Nous rencontrons Pierre et Stéphanie, nos hôtes du soir, choisis non par hasard mais par leur accueil réputés sur warmshowers et leur Pino ! Et oui, pour la première fois, nous avons la chance de voir un vrai Pino, enfin le Pino de chez Hase puisque nombreux sont ceux (enfin celles : nos mamans !) qui nous le disent, le vrai Pino c’est le notre !

N’empêche que c’est un sacré moment de découvrir de près et d’essayer LE Pino ! Bien sur, la comparaison est obligatoire, mais les deux ont chacun leurs avantages et inconvénients. Encore mieux, nous partageons avec Pierre et Stéphanie les avantages du voyage avec ce tandem bizarre et c’est génial de ne pas avoir à tout expliquer mais rigoler des remarques des gens sur l’engin ! Nous partageons le repas avec deux autres amies de la famille qui cherchent à monter un atelier vélo sur Oloron, pour sur, nous sommes dans la bonne maison ! Le matin, deux Pinos se partagent la route sur 15 km, moment éphémère ! Merci à vous, Pierre et Stéphanie pour ce moment ! La nuit suivante est passée à l’abri sous une grange, à la place d’un tracteur avant de rejoindre Bayonne pour le midi.

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La visite de l’atelier vélo est l’occasion d’aller plus loin pour le mystère du pédalier. Après démontage, le bilan est net : une cage à bille est détruite et le jeu que nous avions s’explique parfaitement. Nous investissons alors dans un boitier de pédalier neuf censé nous tenir 10 000 km ! On verra bien…

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21322655318_a1e070e572_m C’est alors le début de la vélodyssée : piste cyclable longeant les côtes atlantiques sous des averses régulières. Las de chercher un coin de bivouac dans cette zone ou le camping sauvage est interdit nous posons la tente à 20h sur une aire de repos municipale au bord de la vélodyssée. Nous ne serons pas dérangés.

Jeudi 17 septembre 2015 : journée noire pour le Pino. Ce n’est que quelques kilomètres après le départ que notre porte bagage arrière fait crac. Une attache au cadre se brise à force de chocs, vibrations. Nous rafistolons avec du scotch américain et du bois pour tenter de rejoindre Bordeaux sans soucis. Nous filons ensuite le long de la piste cyclable au milieu de dunes et pins.

C’est après la pause de midi, particulièrement ventée et pluvieuse que surgit le drame. Nous arrivons au sommet d’une petite dune à vive allure et dans un virage en descente nous quittons légèrement la piste cyclable. Malheureusement, c’est du sable et le coup de guidon pour revenir sur la piste nous est fatal : la roue se bloque à 90° à gauche dans le sable et le vélo est stoppé instantanément : nous partons en soleil. Eulalie décolle et se retrouve dans le sable, devant le vélo. Pour ma part, je me couche sur le côté avec le vélo, chute amortie par les sacoches bien larges. Premier constat : nous n’avons rien grâce au sable. Il en est autrement pour le vélo. Immédiatement remis sur pied, cela couine de partout : il ne roule plus. La roue est en 8, voilée dans tous les sens. C’est elle, avec la fourche qui a amortie la chute. Nous poussons le tandem jusqu’au village que nous venons de quitter. Par chance, nous trouvons un charpentier qui dispose de quelque outils. La roue et la fourche démontée, nous n’avons plus beaucoup d’espoir. En plus de la roue détruite, le pivot de la fourche est tordu violemment. Nous ne pourrons rien faire ici, station balnéaire sans âme qui vive en basse saison et prenons la décision de rejoindre la gare la plus proche, en stop, pour ensuite rejoindre Bordeaux.

Du stop avec un Pino ? Oui, c’est possible, la preuve, on l’a fait. Rapidement, un pick-up embarque le tandem pour 8km sans problème. Au deuxième coup, 15 minutes d’attente nous font rencontrer une dame très gentille, propriétaire d’un élevage de poney landais et d’un poney-club, elle se baladait avec un camion pour transporter les chevaux. Elle ne va pas du tout à la gare mais le fera pour nous ! C’est donc sur 25 km que le Pino cohabite avec un poney dans un camion pour rejoindre la gare. On a de la chance dans notre malheur, oui, mais le moral reste bien bas quand aux réparations futures.

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La fourche tordue, nous roulons quelques kilomètres, de la gare de Bordeaux à Passico, avec grand effort pour tenir le guidon droit.

La bilan est fait ; il faut changer de roue avant et de fourche, ce qui nécessite de trouver une fourche solide, ressouder la patte pour la direction mais également la patte pour frein à disque. Si la matinée du vendredi est infructueuse, un vélociste nous conseille de redresser la fourche. Il nous vend une roue de bmx en remplacement de la première. L’espoir revient et c’est à l’atelier vélo Etincelle de Bordeaux que nous redressons le pivot en plusieurs coups.

Remontage et test, cela semble concluant mais ne veux pas y croire. Les tests du samedi confirme le sentiment initial : le Pino maison semble bien reparti pour quelques kilomètres et c’est la ville de la Rochelle que nous visons désormais !

Pour ceux qui ne verraient pas les photos dans le cadre au dessus, elles sont toutes visibles sur notre compte flickr ici.

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Posted by septembre 20, 2015 Category: Voyage