Ça y est. Le voyage se termine. Nous sommes arrivés à Jardin, là où nous nous étions jeté dans l’aventure 4 mois auparavant. Heureux, fiers et fatigués!
Ceux qui regardent la carte doivent remarquer une légère accélération ces deux dernières semaines. Notre distance journalière moyenne a en effet connu une augmentation statistiquement significative et a du sauter du 70km/jours à 110km/jours après notre passage dans la capitale. Certains imaginent peut-être une fuite, loin du froid, loin de la solitude du voyage. Que neni! Tout du moins ce n’est pas la raison principale. Je dirais plutôt une course en avant. Un voyage se termine quand nous avons envie de rentrer. Nous avions envie de rentrer, retrouver la famille et le plaisir d’être chez soi, de chercher de travail, un appart, des activités, de retrouver un rythme de vie en société, des projets de vie, de se projeter plus loin. Ce voyage fut une pause, parfaite, qui donne envie de repartir. Repartir en voyage, surement un jour, mais surtout de repartir dans une vie sédentaire à laquelle nous avons bien réfléchi sur les routes de France.
Après notre pause chez Marie et Mathieu à Saint Denis, nous avons décidé d’en finir avec les sauts de puces que nous faisions depuis Brignac. Nous nous donnons donc comme objectif d’arriver à Noeux-les-mines en trois jours. Objectif tout à fait dans nos capacités sans avoir encore en tête un retour définitif si proche. Pendant trois jours nous avons pris plaisir à pédaler, à avancer. Nous avons traversé l’Oise et la Somme avant d’atteindre le Pas de Calais. Le temps était encore chaud et relativement beau pour un mois de novembre et nous traversons de nombreux champs, des villages perdus de Picardie.
Nous arrivons à Noeux, chez mes grands parents pour le déjeuner de midi et laissons Frite découvrir la maison et le grand jardin. Le jour férié du 11 novembre est l’occasion d’un repas avec la famille du nord de la France puis nous reprenons la route direction Valenciennes et le grand-père d’Antoine. Pour cette unique journée entièrement dans Nord-Pas-de-Calais nous n’avons pas cherché les plus jolis coin mais la route la plus courte. Nous sommes récompensés par une interminable succession de villes de banlieue sans beaucoup de charme.
Après une nouvelle journée de pause nous repartons avec une météo bien moins sympathique. Nous sommes le samedi 14 novembre, facebook nous demande au réveil « are you safe? » et nous apprenons ainsi les horreurs qui ont secoué la nuit. Nous voici bien décalés des infos, de la réalité. C’est peut-être mieux comme ça mais cela n’empêche pas les neurones de tourner au moins autant que les pédales pour essayer de caser ces actualités dans la petite boite qu’est notre cerveau.
Nous voici maintenant direction le sud et nous ne pouvons pas nous enlever l’impression d’être sur la route du retour. Direction, Eclaron, au bord du lac du Der et la grand-mère d’Antoine (et oui! cession grands parents!). Le première soirée se fait sous la pluie, frite reste bien à l’abri dans la tente tandis que nous nous serrons tous les deux sous une bâche autour du feu. Le lendemain nous sommes accueillis par un ciel bleu et nous en profitons pour bien avancer. Une erreur d’open street map nous amène à faire du vtt alors que nous pensions retrouver une véloroute: chemin herbeux qui devient herbe tout court, qui devient forêt touffue et nous nous retrouvons au bord d’un champ d’on ne sait quoi. Il faut alors pousser le vélo en gardant dans les bras Frite qui veut s’enfuir… Zen… Nous arrivons finalement à une piste cyclable qui nous permettra de nous envoler jusqu’au sud de Reims. Ayant bien, ou trop?, avancé ce deuxième jour il ne reste qu’a faire une grosse journée pour atteindre Eclaron le troisième jour a travers les vignes de champagne.
Pendant la pause à Eclaron, Frite décide qu’il est temps de rencontrer un vétérinaire et déguste une portion du raticide oublié sous le radiateur…
Nous faisons alors le choix définitif du retour. Choix qui s’imposait petit à petit le long des kilomètres. Nos excuses à la famille de Sarguemines, nous viendrons une autre fois! Nous faisons aussi le choix, plus ambitieux, d’arriver le week-end. Pour une arrivée au milieu de ceux qui nous font prendre le chemin de retour. Il ne nous reste alors que 4 jours pour faire 400 kilomètres et arriver dimanche midi au repas familial.
Ces 4 jours entre Eclaron et Lyon ne furent pas les plus faciles il est vrai. 130, 130, 90 et 110 km. Des averses à partir de la deuxième journée, des rafales de vent de face pendant deux jours, un froid polaire le dernier jour accompagné d’un peu de grêle. Pourquoi se faire du mal? la ligne de train allant droit vers Lyon que nous suivons ne nous aide pas vraiment… Pourtant, nous avons voulu rentrer dimanche, pour avoir une belle arrivée. Et nous nous accrochons pour finir à vélo, pour la fierté d’avoir réussi ce défi sportif, pour la joie d’aller au bout de notre projet, pour s’approcher de nos limites et y accrocher notre volonté en même temps que nos doutes.
Nous sommes remerciés samedi après midi par le soleil entre les nuages pour notre arrivée à Lyon. Narot nous ouvre ses portes pour la nuit et les 50km de dimanche matin passent presque inaperçu. Maïlys et Lucia pédalent avec nous et nous les retrouvons avec joie. A la sortie de Loire-sur-rhone nous retrouvons les 4 parents et 2 petites sœurs. Des sourires sur chaque visage. La montée de Pipet sera la dernière difficulté avec une pente si raide qu’on craint de tomber en arrière. Arrivés!